jeudi 17 avril 2014

Manon


Elle marche en pleine rue,
Quand son téléphone signale un message.
Consultant l’écran d’un regard distrait,
Elle se fige rapidement.
Elle savait cette éventualité.
Mais par jeu ou par bravade,
Elle s’était engagée.
« Chiche! »
Maintenant,
Elle est là, interdite.
« Manon, arrête-toi ! »
Stoppée net dans son insouciance.
Car la phrase impérative,
Et ce prénom,
Celui qu’il lui a accordé,
Ne laisse aucune ambiguïté sur sa demande.
C’est lui et il ordonne !
Les badauds ne semblent pas la remarquer,
Quelques rares lui jettent un regard.
Pourtant au milieu du trottoir,
Elle a rapidement pris la pose.
Elle le sait en train de l’observer.
Sans pouvoir le localiser,
Son esprit bouillonne.
Elle espère un signe,
Mais elle sait devoir rester immobile.
Dans le reflet que lui renvoie la vitrine,
Elle se voit,
Jambes ostensiblement écartées,
Dos cambré pour relever ses fesses,
Mains croisées dans le dos,
La tête baissée,
Soumise dans sa position d’attente,
Qu’elle ne doit pas quitter
Sans qu’il l’ait ordonné.
A chaque passant qui s’approche,
Elle espère ce pas qui ralentit
Une voix va raisonner près de son oreille,
Elle voudrait le savoir là tout contre elle,
Sentir le souffle d’un parfum mâle.
Présence attendue et crainte.
Elle imagine déjà le premier contact,
Cette main qui se pose sur elle,
Douce et possessive,
Sur sa nuque,
Descendant à la cambrure des reins.
Déjà, son ventre frissonne d’un espoir,
A l’idée d’audaces imprévisibles,
Doigts inquisiteurs qui filent sous sa jupe,
A la recherche de l'essence de son  plaisir,
Au plus profond de son intimité.
Photo Bruno Bozon

Et si cette main s’offre simplement à elle,
Elle veut pouvoir la tenir comme un objet précieux,
Dégager le pouce pour l’amener vers à sa bouche,
Et doucement l’engloutir en signe obéissance
Alors, peut être lui accordera-t-il ,
La faveur de pouvoir relever la tète
Et qu’enfin, ses yeux découvrent ce regard,
Celui d’un maître,
A ce moment, encore,….

….Sans visage!

mardi 1 avril 2014

Bouche


Cette corolle de charme,
Souligne votre sourire lumineux.
Délice aux couleurs éclatantes.
Appel à la dégustation gourmande,
D’un fruit joliment mûr à dévorer.
A la coupe de vos lèvres,
Respirer le souffle,
Aspirer le gémissement,
De ce plaisir qui vous embrase,
Et que mes doigts inspirent.

Sur ma peau un tendre frôlement,
Caresse lascive et entêtante,
Dresse mon désir mâle,
Appel à vos appétits,
Un gout de lucre et de pouvoir.
Écrin de douceur à visiter,
Englouti ma virilité jusqu’à la garde,
Emprise palpitante et délicieuse,
Appel  à la jouissance,
Sue vos lèvres coule ma sève nacrée.

Oui, Madame,
Faite de votre bouche,
L’instrument diabolique de…

… Mon trépas!