mardi 19 janvier 2016

Pincée


Morsures de chien,
Une mâchoire pour chaque,
 Froideur du métal,
De la crainte à la douleur,
S’enfonce dans ta chair,
Et irradie,
Comme une onde électrique,
Et fait revenir à ta mémoire femelle
La faim du nourrisson.
Tu es là face à son regard,
Fière de lui appartenir,
Chienne aux tétons dressés,
Par l’emprise de la pince,
Et tirés par cette chaîne,
Pont d’acier entre tes coupoles,
Dociles à cette main,
Objets de plaisir.

Pincée,
Tiraillée,
D’une main, il conduit tes seins,
De l’autre, il commande à tes sens.
Ne sachant refréner cette moiteur,
Qui coule entre tes cuisses,
Appelant à d’autres abus,
A d’autres abandons,
Plus profonds encore.
Quand il te libère,
Ta peau garde en mémoire,
L’empreinte possessive des mâchoires,
Ne te lâchent plus,
Étreinte invisible,
Où chacune de tes pensées,
Te rapproche de lui.

Alors quand aujourd’hui,
Tes tétons appellent leur chaîne,
Tes mains rejoignent ta poitrine en manque,
Élevant vers le ciel ces pointes durcies
Implorantes du contact glacé,
De la morsure de leur bourreau…
…Implacable.

dimanche 3 janvier 2016

Livrée


Elle est là sur ce lit immaculé.
Les yeux ceints par un bandeau,
Les mains attachées dans le dos,
Son corps dans la plus simple nudité,
Baigné par la lumière crue,
Les épaules enfoncées dans l’oreiller,
Le cul dressé vers le ciel.

Chienne,
Elle sait son indécence,
Impuissante à se dérober,
Dans le doute des mots énigmatiques,
Elle vibre de se livrer ainsi sans retenue,
Elle attend sa venue,
Impatiente d’être sienne,
Certaine de lui appartenir.

En arrivant dans la chambre,
Elle avait trouvé posés sur le lit,
Le foulard et les menottes,
Et ce petit mot manuscrit,
«  Sur le lit, attends en silence ton visiteur,
Comme je t’espère et sans artifice… ».

Alors consciencieusement,
 elle se déshabille,
En douceur, avec élégance,
Comme s’il était déjà là pour l’observer,
Comme si ses mains étaient déjà à la manœuvre,
Irradiant sa peau de leur chaleur.
Comme indiqué sur les instructions,
Elle s’agenouille sur le bord du lit,
Pour être sûr d’être accessible,
Prenant soin de se mettre dos à la porte,
Afin d'être visible dès le premier regard.

Le bandeau bien ajusté sur ces yeux,
La plonge dans l’obscurité,
Le cliquetis des menottes,
Qu'elle referme sur ses poignets.
Scellant son sort dans un frison d'audace,
Comme elle bascule son buste vers l’oreiller,
Elle s’offre à son destin.

Combien de temps à attendre,
Elle ne le sait pas.
Mais chaque seconde s’égrène impatiente,
Espérant à chaque instant,
Des bruits étouffés du couloir.
L’air frais de la chambre,
Caresse insidieusement l’humide concupiscence,
Qui suinte de ses lèvres écartées,

Son esprit appelle,
La douceur de sa main,
Sur ses fesses, sur ses seins,
La raideur de sa virilité conquérante,
Qu’elle espère pénétrante,
Alors, quand la porte s’ouvre enfin,
Elle ne sait retenir cette onde glacée,
Qui serpente entre ses reins.
Elle espère un mot.
Elle n’obtient que les bruits feutrés,
Des pas sur la moquette,
De cette veste qui glisse des épaules,
De cette chaise derrière elle qui s'écrase.

Elle se sait observée,
Plus mal à l’aise encore,
Elle ne sait refréner,
Ni ce mouvement ondulant des reins,
Ni cette moiteur qui bave entre ses cuisses.

Dans cette odieusement indécence,
Elle appelle un geste, 
Une parole apaisante, 
Une caresse délicate, 
La surprise d'une pénétration, 
Même la brûlure d'une claque.
Elle voudrait crier son désir de lui,
Sentir son plaisir quand il la possède,
Entendre ses rugissements mâles, 
Bouillir de ce foutre,
Jaillissant au fond de son ventre.
Elle veut être ce cadeau,
Ce corps qu’elle offre,
Pure objet de plaisir,
Possession exclusive.

Alors quand enfin elle sent ce doigt,
Qui ramasse une goutte de cyprine,
Sur ses lèvres gorgées de désir,
Et qu’elle entend ses premiers mots,
Elle ressent un sentiment d'allégresse.
Elle écarte ses genoux,
Pour s'ouvrir plus encore,
Comme pour mieux l’accueillir.
« Tu as envie d’être baisée ma jolie?»...
« Oui, Monsieur ! … »