lundi 2 mai 2016

Sur le gibet



Sur le gibet de notre place de grève,
Debout, jambes à l’écart,
Le buste par dessus le dossier du fauteuil,
Face au miroir,
Je lis l’interrogation sur ton visage.
De cette sentence crainte,
Mais pourtant acceptée pour tes fautes,
Et administrée par un tiers,
Neutre et sans concession,
Pour me permettre,
De mieux apprécier ta rédemption.
« Tend moi tes mains ! .. »

Dans le silence, la tension gagne.
Derrière toi, les pas inconnus.
Sur tes hanches, une main,
Deux mains qui se posent.
Et descendent sur tes fesses
Le  zip qui s’ouvre d’un trait,
Ta jupe qui glisse à terre,
Ta culotte tirée vers l’arrondi de tes fesses,
Descendue à mi-cuisses.
Tu te sais fragile,
Humiliée,
Exposée.
« Ne quitte pas mon regard ! »

Le cliquetis de la boucle de ceinture,
Qui glisse rapidement à travers les passants.
La caresse froide du cuir sur ta peau.
Qui s’arrête comme pour prendre ses marques.
Tes mains qui se serrent,
Sur une pensée prémonitoire.
Dans le silence imposé du bâillon sur ta bouche,
Ton regard qui me dit ta résignation.
« Allez-y ! »
Dans cet instant un moment suspendu,
L’air qui soudain siffle.
Le claquement qui déchire le silence,
Ton cri, surprise.
Tes mains qui se crispent,
La brûlure qui te vrille,
Ta bouche qui serre le mord.
« Non, ne dis rien ! »

Déjà, le second coup cingle.
Tes fesses dansent comme pour fuir.
Ton cri qui se prolonge d’un long gémissement.
Sous cette douleur qui enfle en toi.
Et marque les traits de ton visage.
Dans tes yeux, cette volonté intacte.
« Oui, sois forte ! »

Les coups s’enchaînent inlassablement,
Foudre qui s’abat dans le tempo,
Arrachant à ton corps leur part de résistance,
Laissant  leur empreinte sur ta peau zébrée,
Ton  regard se fait implorant.
Ton corps résonne en complainte.
Sous la rigueur implacable du supplice
Mais tu le sais,
Le bourreau n’arrêtera pas son ouvrage
Cette sentence que j’ai voulue pour toi
Et que tu subis entre mes mains.
 « Il le faut ! »

Au-delà de ta résistance,
A force de se combattre,
Ton corps arrête de se débattre,
Et  laisse s’exprimer,
Les spasmes de ta rédemption.
Alors la pluie d’orage s’éloigne.
Emportant dans le silence ton bourreau,
Que je remercie,
Et te laisse pantelante accrochée à mes mains.
Le corps marqué des coups endurés,
Les larmes  inondent tes yeux,
Et coulent sur tes joues,
«Laisse toi aller ! »

Je fais maintenant le tour du fauteuil,
Pour venir admirer l’œuvre laissée par ton bourreau,
Entrelacs de diagonales sur le blanc de tes fesses
Je glisse alors ma main sur ta peau,
Ressentir la chaleur de ton corps meurtris,
Mais je te sais le cœur libéré d’avoir tant donné.
« Je suis fier de toi ! »

Pourtant, dans cette douleur,
Ton corps n’a pas su retenir une onde de plaisir,
Et cette mouille cueillis à la commissure,
Éveille mes instincts,
Et m'impose de parfaire la puissance de l’instant,
Dégager mon sexe déjà tendu de désir,
Te sodomiser d’un trait,
Maintenant, c’est au son de mon pilonnage,
Que ton corps raisonne et s’enflamme.
« Tu aimes, chienne ! »
C’est bientôt dans un râle de plaisir,
Que tu reçois mon pardon.
Et quand gicle sur ta peau,
L’encre bouillonnante de mon stylo,
C’est le paraphe final de cette œuvre éphémère,
Que je signe sur ton cul …

« …Vilaine ! »