Elle marche en pleine rue,
Quand son
téléphone signale un message.
Consultant l’écran
d’un regard distrait,
Elle se fige rapidement.
Elle savait cette
éventualité.
Mais par jeu ou
par bravade,
Elle s’était
engagée.
« Chiche! »
« Chiche! »
Maintenant,
Elle est là, interdite.
« Manon, arrête-toi ! »
« Manon, arrête-toi ! »
Stoppée net dans
son insouciance.
Car la phrase
impérative,
Et ce prénom,
Celui qu’il lui a
accordé,
Ne laisse aucune
ambiguïté sur sa demande.
C’est lui et il
ordonne !
Les badauds ne semblent pas la remarquer,
Quelques rares lui jettent un regard.
Pourtant au
milieu du trottoir,
Elle a rapidement
pris la pose.
Elle le sait en
train de l’observer.
Sans pouvoir le
localiser,
Son esprit
bouillonne.
Elle espère un
signe,
Mais elle sait devoir
rester immobile.
Dans le reflet
que lui renvoie la vitrine,
Elle se voit,
Jambes
ostensiblement écartées,
Dos cambré pour
relever ses fesses,
Mains croisées
dans le dos,
La tête baissée,
Soumise dans sa
position d’attente,
Qu’elle ne doit
pas quitter
Sans qu’il l’ait
ordonné.
A chaque passant
qui s’approche,
Elle espère ce
pas qui ralentit
Une voix va
raisonner près de son oreille,
Elle voudrait le
savoir là tout contre elle,
Sentir le souffle
d’un parfum mâle.
Présence attendue
et crainte.
Elle imagine déjà
le premier contact,
Cette main qui se
pose sur elle,
Douce et
possessive,
Sur sa nuque,
Descendant à la
cambrure des reins.
Déjà, son ventre
frissonne d’un espoir,
A l’idée d’audaces
imprévisibles,
Doigts
inquisiteurs qui filent sous sa jupe,
A la recherche de l'essence
de son plaisir,
Au plus profond
de son intimité.
Elle veut pouvoir
la tenir comme un objet précieux,
Dégager le pouce
pour l’amener vers à sa bouche,
Et doucement
l’engloutir en signe obéissance
Alors, peut être
lui accordera-t-il ,
La faveur de
pouvoir relever la tète
Et qu’enfin, ses
yeux découvrent ce regard,
Celui d’un maître,
A ce moment,
encore,….
….Sans visage!