Les kilomètres défilent,
Sous les lumières crues
du petit matin,
S’arracher au quotidien,
Revendiquer le droit à la
déconnexion,
Couper ces liens tenaces,
Pas états d’âme,
Liberté de choix,
Quitter la grisaille,
Changer d’air pour se
retrouver,
Ouvrir les espaces,
Être soi.
Retrouver la lumière,
De ces yeux qui pétillent,
Dans ton sourire,
Sentir la chaleur qui
gronde,
Désir d’autorité,
Volonté d’abandon,
Appel de ces joutes
possessives,
Besoin d’être marquée,
Empreintes à garder,
Pour ne pas oublier,
Douleur,
Plaisir,
Vivre nous.
Émouvoir.
L’esprit se perd,
A vouloir lier à ce corps
Imaginaire assassin,
Qui peine à trouver les
ancrages,
Et ne suffit plus à
nourrir ce besoin d’âme,
Retrouver le parfum des
cordes,
La froidure du métal,
En contraste avec le feu de
ce dragon,
Qui se consume dans
l’absence,
Et pourtant savoir qu’au
contact de cette peau,
Elles trouveront leur
place,
Lier.
Et nappe le sol de ses
premières dentelles,
Retrouver le
huis-clos de la chambre.
Dans la chaleur retrouvée,
Te remettre au milieu du
cercle,
Espace d’expression de
ton abandon,
Soumise aux désirs
possessifs,
Morsures du loup avide,
De ton corps,
De
ton âme,
Dans cet espace hors du
temps
Où il fait si bon nous
perdre.
Prendre.
Actes fauves ou barbares
Consentis par un esprit
rebelle,
Où cris et soupirs
trouvent à s’exprimer,
Au rythme cadencé,
De cuir et de rock mêlés.
Ton corps marqué,
Entre mes bras contenu,
Livre dans ces derniers
soubresauts
Les larmes d’un
lâcher-prise espéré
Pour étancher la soif de
ce maître
Qui t'aspire et te boit.
Exulter.
Des cimes enneigées,
Par
les premiers assauts de l’hivers
Redescendre doucement
d’un nid,
Qu’il faut se décider à quitter
Le corps fourbu de nos
joutes animales
L’esprit ivre de
sensations,
Goutter l’accord,
Pour un moment de vie,
Touristes d’un lieu
inconnu,
Pourtant déjà si familier
Complices d’une échappée
belle,
Ô combien interdite,
Et pourtant délicieuse de
sérénité.
Savourer.
Doucement,
Reprendre les distances,
Résister à nouveaux aux
appels,
De ces pensées dévorantes,
Devenues soudain
impératives,
A l’idée d’une nouvelle
absence.
Une annonce fatale,
Une porte qui se referme,
Sur ces terribles
« au revoir »,
Qu’on ne voudrait pas
devoir prononcer,
Et qui demande déjà un
demain.
Appeler.
Une fois encore,
Avec ce goût de manque,
Qui étrangle les sons,
Le train file dans la
nuit.
Dans la tête,
Les images de ces
instants heureux,
Les mots courent sous la
plume,
Pour ne pas oublier,
Et prolonger encore un
peu,
La douce sérénité de ce
nous.
Les kilomètres défilent,
Toujours plus vite,
Dans ce retour à une
réalité,
Que je ne veux pas
presser,
Et pourtant, au point de départ
Certes, revenir,
Mais toujours plus riche de ce nous.