Immobile et mains derrière la nuque,
Il est temps de laisser ta pudeur de coté,
En confiance, abandonne toi toujours plus,
Aujourd’hui, je prends possession de ton corps.
Je
suis le barbier de ton indécence.
Pour civiliser cette foret sauvage,
Trop longtemps
laissée libre de s’égarer,
Dans le cliquetis
des lames,
Je taille ta
touffe avec application,
Comme d’un
arbrisseau.
On sculpte
patiemment un bonsaï.
Tu es mon jardin
japonais.
Avec le blaireau et le
rasoir,
Peindre sur ta
peau nue la mousse protectrice,
Avec la précision
du chirurgien,
Et au plus près de
tes lèvres,
Jouir du son de
la lame,
Qui glisse sur ta peau,
Comme on lisse avec
patience et minutie,
Le sable blanc entre
les massifs.
A l’eau tiède,
Sous le passage
de l’éponge,
Enlever les
deniers reliefs de ce chantier,
Comme le fondeur
ouvrant son moule,
Pour révéler enfin l’œuvre achevée,
Au regard de son
créateur.
D’un souffle
d’air chaud,
Comme une caresse
sur ta peau,
Enlever les dernières
traces d’humidité,
Et donner avec les
doigts presque inquisiteurs,
Le dernier
mouvement à ce buisson.
Comme le styliste face à sa dernière œuvre
Verser de l’huile
sur ma main,
Mes doigts glissent
sur ton corps,
Jusqu’aux
derniers recoins de ton intimité,
Pour apaiser ta
peau,
Jouir un peu plus
de sa douceur,
Et en faire
ressortir l’éclat .
Comme une chienne de concours,
Il est temps de
t’apprêter,
Bas et guêpière pour
souligner mon travail,
Talons aiguilles
pour te faire une cambrure,
Collier d’apparat pour habiller ton cou,
Et chaines de
seins pour tout ornement.
Face à ce miroir,
regarde toi maintenant,
C’est ainsi que
je veux qu’on t’apprécie,
Et ce soir, au
milieu de cette assemblée,
Où laisse en
main, je te mène.
Soit fière comme
je le suis,
D'une œuvre
que je revendique,
Cette fleur dont je suis …