dimanche 5 février 2017

Le jardinier


Ouverte face à moi,
Immobile et mains derrière la nuque,
Il est temps de laisser ta pudeur de coté,
En confiance, abandonne toi toujours plus,
Aujourd’hui, je prends  possession de ton corps.
Je suis le barbier de ton indécence.
Tondeuse à la main,
Pour civiliser cette foret sauvage,
Trop longtemps laissée libre de s’égarer,
Dans le cliquetis des lames,
Je taille ta touffe avec application,
Comme d’un arbrisseau.
On sculpte patiemment un bonsaï.
Tu es mon jardin japonais.

Avec le blaireau et le rasoir,
Peindre sur ta peau nue la mousse protectrice,
Avec la précision du chirurgien,
Et au plus près de tes lèvres,
Jouir du son de la lame,
Qui glisse sur ta peau,
Comme on lisse avec patience et minutie,
Le sable blanc entre les massifs.
A l’eau tiède,
Sous le passage de l’éponge,
Enlever les deniers reliefs de ce chantier,
Comme le fondeur ouvrant son moule,
Pour  révéler enfin l’œuvre achevée,
Au regard de son créateur.

D’un souffle d’air chaud,
Comme une caresse sur ta peau,
Enlever les dernières traces d’humidité,
Et donner avec les doigts presque inquisiteurs,
Le dernier mouvement à ce buisson.
Comme le styliste face à sa dernière œuvre

Verser de l’huile sur ma main,
Mes doigts glissent sur ton corps,
Jusqu’aux derniers recoins de ton intimité,
Pour apaiser ta peau,
Jouir un peu plus de sa douceur,
Et en faire ressortir l’éclat .
Comme une chienne de concours,
Il est temps de t’apprêter,
Bas et guêpière pour souligner mon travail,
Talons aiguilles pour te faire une cambrure,
Collier d’apparat pour habiller ton cou,
Et chaines de seins pour tout ornement.

Face à ce miroir, regarde toi maintenant,
C’est ainsi que je veux qu’on t’apprécie,
Et ce soir, au milieu de cette assemblée,
Où laisse en main, je te mène.
Soit fière comme je le suis,
D'une œuvre que je revendique,
Cette fleur dont je suis …

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